1 - ENLEVER LES FRÉQUENCES GÊNANTES
Ce sont les fréquences amplifiées par résonance de la pièce.
Pour les trouver, placer un EQ. Booster l’une des bandes de 12 ou 24 dB avec un Q d’environ 3.
Ensuite, faire doucement glisser l’EQ des basses jusqu’aux fréquences aiguës (balayage d’EQ ou EQ Sweep). Écouter ce qui se produit lors du balayage. Une partie des fréquences devient envahissante?
L’intensité de l’atténuation nécessaire et sa largeur en terme de fréquences va dépendre du morceau. Parfois, si la résonance n’est pas si problématique à la base, quelques dB suffiront.
Essayez de vous concentrer sur les zones réellement problématiques. Si votre pièce possède beaucoup de résonances, ne vous en inquiétez pas et concentrez-vous plutôt sur les plus problématiques.
Parfois, trop de filtre tue le filtre : ceci peut créer des effets de phase et faire perdre son naturel à la voix.
Parfois, au contraire, il faut y aller. Il est même possible qu’il faille couper 10-20dB sur un son donné.
Pour ce qui est de la largeur (Q), souvenez-vous de ceci : si le problème semble venir d’une zone très particulière, un Q étroit, dans un intervalle de 5 à 15, sera plus adapté. S’il s’agit en revanche d’une zone plus étendue, un Q plus ample, dans les 2 à 5, sera plus pertinent.
2 - DE-ESSEUR
Les sibilances et les plosives font parties des raisons principales.
sibilance : sons qui apparaissent lorsque certaines consonnes sont prononcées (les s, t ou z). Elle provient de ce sssifflement sssinueux opéré avec la langue.
NOTE : Si la sibilance des voix semble normale, ne pas dé-esser. Ceci pourrait nuire plutôt que d’améliorer sa sonorité.
Les dé-esseurs sont, en gros, des compresseurs multibandes. Ils compressent une partie très spécifique du spectre de fréquence lorsque celle-ci dépasse un certain niveau.
Ils sont relativement simples à utiliser. Tout d’abord, il vous faut isoler la piste vocale concernée et boucler une partie particulièrement sibilante. Puis, il faut activer l’option « monitor » ou « side-chain ». Balayez ensuite l’audio jusqu’à trouver une partie particulièrement irritante en terme de sibilance. Une fois que celle-ci a été trouvée, vous pouvez à nouveau passer au mode régulier.
Maintenant, déterminez votre seuil. Il faut que le dé-esseur ne s’active que lors de la sibilance elle-même. S’il s’active à d’autres moments, le seuil fixé est trop bas.
L’astuce consiste à trouver le bon seuil. Il ne faut pas que la compression soit trop légère, ou votre son ne verra aucune amélioration. Il ne faut pas non plus compresser de façon trop appuyée car le résultat peut faire croire à un défaut de diction.
La plupart des DAW possèdent un dé-esseur de base qui peut faire le boulot. Si vous cherchez un son particulièrement fluide, le Waves Renaissance DeEsser est un grand des grands favoris de la maison.
Il est abordable, souvent en réduction, et fonctionne à merveille. Une fois que vous obtiendrez un son naturel, il sera temps de passer à l’étape de la compression.
3 - COMPRESSION SÉRIELLE
Cela consiste à utiliser 2 ou 3 compresseurs légers pour atteindre un objectif plutôt qu’un compresseur unique agissant de manière intensive.
Lorsqu’un compresseur travaille intensément, il a tendance à donner un son mécanique et peu naturel, comme si la voix était passée au rouleau compresseur.
Mais avec quelques compresseurs légers placés en chaîne, la voix aura un son simultanément maîtrisé et naturel.
Elle ne donnera pas l’impression d’être lourdement compressée, même si la quantité de compression totale est exactement la même.
Mise en place de la compression sérielle :
-Chargez un compresseur. N’importe lequel fera l’affaire.
-Ensuite, abaissez le seuil et augmentez le ratio jusqu’à atteindre des paramètres extrêmes. Ceci permettra de clairement entendre le compresseur opérer.
-Commencez par une attaque moyenne, d’environ 15 ms, puis ajustez au besoin. Une attaque rapide (5ms) donnera une grande épaisseur à vos vocales. Une attaque plus lente (30ms) donnera un son plus percutant et agressif.
-Commencez par un temps de relâche (release) de 40 ms et ajustez à partir de là. Tâchez de faire osciller le compresseur en accord avec la musique.
-Une fois que vous aurez choisi un temps d’attaque et de relâche, amoindrissez le ratio pour atterrir quelque-part entre 1.5:1 et 3:1.
-Ajustez le seuil et le ratio jusqu’à avoir une réduction moyenne de 2 à 3 dB (ou plus pour de la musique plus intense.
-Ajustez votre gain de compensation pour que le volume de la piste soit le même qu’auparavant.
-Enfin, dupliquez le plugin de compression. Vérifiez les paramètres pour vous assurer que vous obtenez la même quantité de réduction de gain. Si vous en voulez plus, dupliquez à nouveau le plugin.
Si certaines sections de votre morceaux sont trop fortes pour les compresseurs, essayez d’utiliser l’automation de gain sur celles-ci. Il fait partie des ingrédients secrets pour des vocales impeccables.
4 - TIMBRE
L’EQ tonal, sculpte la tonalité d’une piste.
Ecouter le morceau de référence régulièrement pour s'en approcher le plus possible.
Si vos vocales ont un son plus boueux que dans votre référence, par exemple, il se peut qu’il faille que vous coupiez le bas des fréquences moyennes.
Si vos vocales sont plus ternes que votre référence, il est possible qu’il faille booster une partie des des fréquences moyennes hautes.
Si vos fréquences sont plus sombres que votre référence, un boost de la partie la plus haute de vos fréquences peut être nécessaire.
Ceci-dit, encore une fois, chaque morceau invite à sa propre approche. Il n’existe pas de règle définitive. Utilisez vos oreilles et trouvez la saveur qui vous convient.
Il est important de procéder par des touches subtiles lors de cette étape du processus. Habituellement, les boosts et les coupes sont de l’ordre de 2 à 3 dB, et définitivement jamais plus de 5dB. Il est facile de s’emporter et de gâcher une piste vocale avec trop d’EQ.
5 - REVERB ET DELAY
Créer un sentiment d’espace avec du reverb ou du delay.
La réverbération donne un son plus naturel, mais éloigne la voix au sein du mix.
La folk ou ballade, le réverbération fonctionnera à la perfection.
Le delay donne un résultat moins naturel, mais garde la voix à plus grande proximité de l’auditeur. Il est commun d’utiliser un delay rapide pour créer de l’espace dans des genres plus produits comme la pop.
REVERB :
Pour créer une réverbération vocale, commencez par envoyer votre piste vocale vers une piste AUX grâce aux sends. Placez votre meilleur plugin de reverb sur cette piste de AUX, également appelée piste de retour.
La reverb créé sur la piste de retour doit réglé sur 100% wet pour éviter qu’une partie du signal d’origine n’y transparaisse.
Ensuite, ajustez le temps de réverbération au tempo du morceau. Pour ceci, réglez tout d’abord le reverb sur 4 secondes, puis diminuez progressivement cette durée jusqu’à ce que la sonorité soit satisfaisante.
En général, un temps de réverbération plus court est préférable pour éviter un mix boueux. Ceci signifie généralement un reverb de moins de deux secondes.
L’idéal est de faire en sorte que la réverbération s’arrête avant la phrase suivante. Pour parler plus concrètement : si vous isolez la piste vocale, la fin de la réverbération de la première phrase du refrain disparaîtrait avant l’apparition de la seconde phrase du refrain.
Cette règle vous permettra de prévenir une réverbération au son trop chaotique.
Une fois le son de réverbération défini, il faut s’intéresser au pré-délai ou plus communément pre-delay. Le pre-delay est le temps qui précède l’arrivée de la réverbération une fois que la voix a fait son apparition.
Pour la voix, permettre un temps de pre-delay est la meilleure façon de prévenir un manque de clarté sur le début des mots. Expérimentez avec différents temps de pre-delay pour voir ce qui convient le mieux au morceau. Très souvent, une valeur entre 30 et 100 ms sera préférable.
Ensuite, choisissez votre paramètre de distance. Ceci détermine la distance séparant l’auditeur du ou de la vocaliste.
Si vous voulez que vos voix semblent très rapprochées et intimes, optez pour une distance très réduite.
Ensuite, placez un plugin d’EQ avant le reverb pour ajuster le timbre de la spatialisation.
La réverbération des voix possède un grand impact sur le son des voix elles-mêmes. Souvent, la réverbération peut régler des problèmes qui n’étaient pas surmontables avec le reste du traitement des voix.
Par exemple, si une piste vocale était jusqu’à présent trop sombre, il peut être judicieux de couper le bas des fréquences moyennes de la réverbération et booster le haut des fréquences. En procédant de cette façon, une brillance inédite sera induite sans avoir besoin de booster ces fréquences sur la voix elle-même.
De façon générale, il est généralement préférable de couper les basses fréquences de la réverbération. Cette zone n’est généralement pas utile aux voix, et aura surtout pour conséquence de flouter le mix.
Voilà, la réverbération est sculptée et prête à l’emploi.
Niveau de la reverb :
En jouant le morceau en boucle, fixer le niveau de la réverbération au mini. Puis, augmenter son niveau jusqu’à la remarquer et obtenir un son satisfaisant. Une fois que c’est le cas, abaisser légèrement ce niveau : on a généralement tendance à surestimer le niveau nécessaire.
Le reverb et le delay sont surtout faits pour être ressentis, pas entendus. Leur bon niveau ne se situe donc pas à un point où ils sont audibles et explicites. Le degré idéal doit plutôt faire en sorte que la piste vocale offre le bon ressenti et s’intègre bien au reste des instruments.
Delay vocal
Pour des vocales énergiques et puissantes : delay de type "slapback delay". C’est une astuce que les mixeurs professionnels utilisent pour obtenir des vocales frontales mais bien intégrées aux morceaux.
Créer une piste pour le délai stéréo. On enverra la piste vocale vers celle-ci.
Régler le delay sur 100% wet.
Ensuite, désynchroniser les deux côtés du délai stéréo pour changer leurs valeurs de façon indépendante.
Donner une valeur de 50 à 200 ms à un côté et une valeur de 20 à 50 ms de plus à l’autre. Le chiffre exact dépendra de l’effet perçu ou non. Des valeurs plus importantes donneront un effet plus explicite.
Commencer par une valeur élevée puis abaisser le niveau jusqu’à ce que le son convienne.
Puis, fixer la valeur du feedback entre 0 et 15%.
Traditionnellement, il s’agirait plutôt de procéder SANS feedback, avec une répétition unique de chaque côté. Cependant, un soupçon de feedback peut aider à donner un résultat plus naturel.
Puis, sculpter la tonalité avec un EQ. Les slapback delays sont généralement filtrés sur le bas et le haut des fréquences pour « emboîter l’effet dans la voix ». On peut couper du bas jusqu’à 300Hz et du haut jusqu’à 3kHz. Faire confiance aux oreilles et ne couper que ce qui est réellement nécessaire.
Enfin, procéder au mixage du delay grâce à la fonction send jusqu’à obtenir le bon équilibre.
Tandis que le morceau joue en boucle, réduire le send du delay au mini. Puis, augmenter peu à peu son niveau jusqu’à ce qu’il procure un bon ressenti. Puis, abaisser ce niveau d’un cheveu.
EFFETS
Quelques suggestions :
- Ajouter du chorus à une piste de retour. Peut donner de très bon résultats pour élargir le champ stéréo de la voix.
- Ajouter du flanger. Pour donner le son "laser" des disques des années 1970 et 1980.
- Utilisez un pitch shifter pour intégrer, de façon raisonnable, un dédoublement vers l’octave supérieur et/ou inférieur. Pour étoffer l’épaisseur de la voix et donner une chaleur supplémentaire.
- Doublez votre voix. Ceci doit être pensé en amont, lors de l’enregistrement, mais produira un effet bienvenu en terme d’épaisseur.
- Faites passer votre voix dans un simulateur d’amplificateur de guitare pour lui donner plus de texture. Ce procédé fonctionne très bien pour les styles bluesy ou plus incisifs.
RÉSUMÉ
-Débarrassez vous des résonances de la pièce grâce au EQ
-Atténuez les sibilances avec un dé-esseur
-Contrôlez vos dynamiques grâce à la compression sérielle
-Sculptez votre tonalité avec un autre EQ
-Ajoutez un peu d’espace grâce à un reverb ou delay
-Réhaussez vos saveurs grâce aux effets